Anna Cameron Headrick

Votre histoire

« Anna, Samantha… J’ai une idée ! Et si on essayé de grimper sur le toit ? » S’était sans doute la meilleur idée qu’elle n’ait jamais entendu. Elle s’approcha, regardant son aîné enjamber le rebord de fenêtre et se retrouver sur les premières tuiles. Un sourire malicieux aux bouts des lèvres, la jeune Anna le suivit aussitôt. Elle l’imita à la perfection mais défaut de s’aventurer un peu plus haut, se retourne immédiatement vers l’intérieur de la chambre. « Sam tu ne viens pas ? » Sam affichait un air sérieux et grave, bien loin du sourire radieux qui dominait le visage d’Anna ou encore l’amusement trônant sur celui d’Aedan. « On ne devrait pas faire ça… Maman va nous engueuler et on risque de se blesser ! » Finit par répondre Samantha. « Comme tu veux, moi en tout cas, j’y vais.. » Sur ces mots, Anna haussa les épaules et tourna le dos à sa sœur, allant rejoindre Aedan un peu plus haut en s’agrippant aux tuiles. « C’est super haut ! » lança-t-elle en s’agrippant au bras de son frère aîné. « On voit le parc d’ici ! » ; « Et l’hôpital ! » ; « Regarde l’aéroport ! » ; « Et le fleuve… » ; Ils restèrent un moment silencieux, contemplant la magnifique vue qui s’offrait à eux. « Pourquoi on a pas eu cette idée plus tôt ? » finit-elle par demander. « Peut-être parce que c’est une idée complètement débile ? » répondit la voix calme de Sam en attrapant la main de sa sœur. Malgré tout, elle affichait un sourire, certes pas la sourire immense qui vous fait mal aux yeux tellement les dents brillent, mais ce petit sourire qui veut tout dire… « C’est beau » admit finalement la plus âgée des Steel. « On pourrait presque croire que le monde n’a plus aucun secret pour nous, que tout est à porté de main… » Elle marqua une pause, s’asseyant au bord de la toiture, imitait par Anna et Aedan. « On pourrait presque croire qu’on est invincible. »

Quelques années plus tard, Anna se réveilla en sursaut. Levant la tête, elle s’étira, bailla un bon coup et en hochant la tête se leva. « C’est bon, j’ai compris, je vais dans le bureau du directeur » articula-t-elle entre deux bâillements. Son professeur de mathématique la fusilla du regard en la priant de se diriger vers la porte. Ce qu’il fit sans ajouter un mot de plus, elle avait l’habitude. Ces nuits étaient trop courtes pour qu’elle se permette de rester éveillé au lycée.
La jeune femme longea les couleurs ne se pressant pas, prenant même le temps d’admirer le soleil illuminé la pelouse du terrain de football ou s’entrainait l’équipe du lycée. Le nez écrasé contre la vite, elle observa un moment, ne se privant pas de lorgnait sur les abdos de ceux qui avaient tombés le maillot. Jugeant qu’elle en avait suffisamment profité, elle finit par détourner son regard, continuant son chemin jusqu’au bureau du directeur. Elle frappa quelques coups à la porte puis entra. « Mlle Steel ! Comment allez-vous aujourd’hui ? » ; « Bien merci et vous ? La forme ? » A vrai dire, elle passait tellement de temps de sa vie à être convoqué dans le bureau du directeur qu’elle se sentait plus ou moins proche de lui à force. Il hocha la tête en souriant, restant tout de même professionnel. « Je me suis endormie pendant le cours de Mr Miller, alors il m’a demandé de venir vous voir. » Prenant ses aises, non pas parce qu’elle était sans gêne, mais surtout, parce qu’elle avait l’habitude, Anna se laissa tomber assise sur la chaise face au bureau et croisa ses jambes. « Je ne vous reconnais plus Anna, vous vous bagarrez, vous séchez les cours, dormez quand vous êtes là, vous avez même affirmé à Mlle Jenkins qu’elle était je cite « mal baisée »… Des explications ? » Anna leva se main la portant au niveau de son œil gauche et se frotta l’œil. La fatigue la reprenait. « Quelques mauvais souvenirs remontent à la surface et m’empêche de dormir ces derniers temps, c’est tout Mr. » ; « Vous et votre frère devriez aller consulter un psychologue ou quelqu’un qui pourrait vous aider Mlle Steel… » ; « Je sais. » ; « C’est le dernière avertissement que je vous donne Mlle, au prochain dérapage du genre, vous serez donc renvoyez définitivement de ce lycée, est-ce bien clair ? » Anna se leva. « Ouais.. » Et sur ce dernier mot lui tourna le dos et quitta le bureau.

« Parfois, je me dis que Sam avait raison… La vie est peut-être un jeu, mais les règles ne sont pas aussi simples qu’on le pense, et il faut qu’on fasse attention. » ; « Oh je t’en prie Anna, épargne-moi ce genre de phrase ridicule… » Une nouvelle fois, comme elle l’avait fait alors que s’était Samantha qui lui faisait la morale, Anna haussa les épaules et le laissa filer sur sa moto. Qu’il fasse ce qu’il veule après tout, il était assez grand pour savoir ce qui était bon ou pas. Et si Aedan jugeait que traîner avec ce gang malfamé et dealer était bon pour, et bien qu’il le fasse.
Pour sa part, elle se dirigea vers le cabinet du psychologue que l’infirmière du lycée lui avait conseillé. Elle en avait parlé à Aed, elle avait voulu qu’il vienne avec, mais il avait joué au gros dur et avait tout simplement décliné l’invitation.
Après avoir patienté une bonne trentaine de minutes à admirer la peinture défraichis sur le mur, un homme en blouse blanche vint l’accueillir. « Mlle Steel ? » Elle hocha la tête et se leva, le suivant sous le regard des autres patients jusqu’au la salle de consultation. Au début, l’idée de l’avait absolument pas séduite, se confier à un inconnu, non merci ? Puis finalement, elle s’était dit que de raconter sa vie à quelqu’un d’extérieur, quelqu’un qui n’était pas là pour la juger était toujours mieux que de dire à sa professeur qu’elle était mal baisée. Même si s’était la vérité.
C’est pourquoi Anna se laissa bercée et charmée par la voix du psychologue et commença à lui raconter sa vie. Une vie presque aussi ordinaire que celle de n’importe qui. Presque.
« … Samantha a toujours été la plus sage des trois. Aedan était son total opposé, toujours à la recherche d’action, de danger. Et moi, je suis au milieu… Mais j’ai toujours était plus proche d’Aed que Sam. Je crois que j’aime faire des folies et me surpasser. Samantha n’était pas comme ça. Elle était calme, et préférait rester derrière son bureau à étudier ou bien bouquiner. Elle essayait toujours de nous raisonner, de nous contredire et de nous rendre plus sage. Elle veillait sur nous. Et finalement, c’est nous qui avons eu raison d’elle. » Les larmes aux yeux, Anna entendait le stylo noircir le calepin que tenait le docteur. « Et si on l’avait écouté ce jour là, je n’aurais sans doute aucune raison de venir vous voir aujourd’hui. » C’est vrai. En y réfléchissant, tout était parfait dans sa vie. Tout. A part ce petit détail. Ce point sombre de sa vie. Ce moment troublant de son passé. « Quelle âge avait Samantha au moment des faits ? » demanda le psychologue en rompant le silence planant. « Huit ans. Samantha avait huit ans. » Ce jour là, elle en avait seulement un de moins. Et à sept ans, elle s’était crue plus forte que n’importe qui. Comme l’avait dit Sam ce jour là, elle s’était crue invincible. Aujourd’hui, dix années plus tard, alors qu’elle avait toujours était dans le déni et avait toujours fait comme si de rien n’était, tout remontait à la surface et l’empêchait de vivre. Comme si Samantha était encore là. Comme si Samantha voulait lui rappelait d’être sérieuse.

La journée était ensoleillée, pourtant Anna avait la sensation qu’elle n’allait pas être aussi belle qu’elle le pensait. Et à peine y avait-elle pensé que son téléphone vibra dans la poche de son jean. « Mlle Steel ? » Elle approuva. « Inspecteur Delaney du FBI… » Le FBI ? Cela ne présageait certainement rien de bon.
La nouvelle était fracassante, terrifiante, la nouvelle lui avait glaçait le sang comme si les rayons du soleil éblouissant ne parvenait plus à atteindre sa peau, la laissant définitivement dans l’ombre. Alors qu’elle avait déjà perdu une sœur, elle venait de perdre un frère. Mais s’était différent, tellement différent que même les larmes ne parvenaient à s’échapper de ces yeux. Alors que Samantha Steel était morte d’une chute qui lui était fatale du haut de la toiture de la maison familiale, Aedan Steel se trouvait désormais internet dans un hôpital psychiatrique après avoir été jugé coupable de trois meurtres et qualifié comme étant mentalement instable. Elle n’y croyait pas. S’était juste impossible. Totalement impossible. Une grosse blague. Une énorme supercherie.
« Je te jure que c’est pas moi. » ; « Je te crois. » Elle fixait son frère, s’était la première fois qu’elle lui rendait visite depuis qu’il était ici. « Je me suis fait avoir par ce mecs… J’ai voulu quitter le gang et… » ; « Je t’avais dit de ne pas traîner avec ces mecs ! » ; « J’aurais dû t’écouter. » Qu’il mente ou pas, Anna s’en fichait, elle le croyait non-coupable et n’avait qu’une idée en tête, le faire sortir d’ici. « Je vais pas te laisser pourrir ici Aed… » ; « Et tu compte faire quoi ? Faire exploser la baraque et fusiller tout le monde avant de m’aider à m’échapper dans un hélicoptère dernier cris qui nous déposerait dans un coin reclus d’une charmante île au soleil ? » ; « J’ai pas tant d’imagination que ça mais presque… » Il leva un sourcil, ne comprenant pas ou elle voulait en venir. En guise de réponse, la jeune femme lui lança un clin d’œil et se leva. « Hé attend ! Tu reviens me voir quand ? » ; « Bien plus tôt que tu ne le pense ! »


« Steel, t’es convoqué à l’infirmerie. » Aedan hocha la tête et quitta sa table. Qu’est-ce qu’elle lui voulait encore l’infirmière ? Lui faire un dépistage de drogue, vori si ces vaccins était à jour ou peut-être vérifier s’il ne se piquait pas entre les orteils ? Il avait arrêté cela depuis longtemps. A vrai dire il n’avait plus touché à la drogue depuis le soir où on l’avait jugé coupable de meurtre et on avait clairement affirmé qu’il était fou. N’importe quoi. Il était tout à fait sain d’esprit. Et il n’avait jamais tué quiconque.
Il prit néanmoins le chemin de l’infirmerie et poussa la porte sans même frapper. L’infirmière était là, penchait sur son plan de travaille, lui tournant le dos, ses cheveux rassemblaient en une queue de cheval. En entendant le bruit de la porte grincer, elle se retourna immédiatement, pausant ses yeux bleus sur lui. Elle lui lança un sourire et il mit une fraction de seconde à la reconnaitre. « Bonjour Aedan, je me présente Anna Headrick, je suis nouvelle ici et c’est moi qui m’occuperait principalement de vous… J’aurais aimé qu’on apprenne à ce connaitre et qu’on mette quelques points aux clairs. » Il n’en croyait pas ses yeux. Ses cheveux étaient passés de blond à brun et c’est tout. Cela suffisait à la rendre différente, voir méconnaissable. Si elle avait été seule, il lui aurait probablement sauté dessus et l’aurait serré à n’en plus pouvoir. Mais une aide-soignante trainait dans le coin, ainsi qu’un agent de sécurité. Et puis, il y avait des caméras de surveillance un peu partout dans le bâtiment, il était près à le parier. « Peut-être devrions-nous rejoindre le bureau pour être plus au calme ? » proposa-t-elle, il hocha la tête, s’approchant se retenant de ne pas sourire, se forçant à prendre un air dur. Pourtant, l’agent de sécurité s’interposa. « Vous êtes sur que vous voulez restez seule avec cet homme Mlle Headrick ? » ; « Ne vous en faite pas, je sais parfaitement comme m’y prendre. Et si jamais quelque chose se déroule mal, j’ai mon bip… » D’un signe de main, elle désigna la petite commande dépassant de sa poche. Il hocha la tête, et Anna fit signe à Aedan de le suivre. Il entra sans dire un mot dans la pièce d’à côté et elle referma la porte avant de se tourner vers lui. « Le brun me va bien tu ne trouve pas ? » ; « T’es complètement folle petite sœur ! » s’exclama-t-il en fonçant sur elle et la prenant dans ses bras.

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