Dean Matthias Spencer

Votre histoire

Cher Ashton,

comment se passe cette semaine ? Je sais que je viens te voir pratiquement tous les jours mais j'aime t'envoyer des lettres parce que lorsque ça va mal, je sais que tu peux les lire pour aller mieux. Quand tu es triste et que ton merveilleux sourire ne peuple pas tes lèvres, c'est comme si le monde s'arrêtait de tourner pour moi. Tu sais, tu me manques cruellement. Le soir quand je me couche, seul dans ce lit bien trop grand pour moi, je craque. Tu n'es plus là à présent et je déteste ça. C'est pour cela que j'ai envie d'être interné, pour te rejoindre. Je sais que tu hais cette idée et que tu trouves ça débile, mais c'est la seule solution qu'il me reste. Tu vas rester combien de temps loin de moi Ash ? Même si je suis là tous les jours, c'est différent d'avant et ça me tue à petit feu. J'en deviens malade. C'est pas encore assez pour partager ta chambre mais c'est un début. Je tiens bon, pour toi, pour nous. Parfois ma mère me demande pourquoi je m'accroche autant à toi. Elle n'arrête pas de dire que je pourrais céder à la facilité et rencontrer un garçon (ou une fille...) qui pourrait facilement partager ma vie. C'est sur que me lever le matin avec le visage de mon amoureux à côté de moi, ce serait plaisant. Ce serait formidable de lui faire à manger (un truc bon, pas ces trucs atroces que vous mangez dans votre stupide asile à la noix) le midi quand il rentre du travail. Ce serait génial d'aller au cinéma avec lui et de me promener dans la rue main dans la main, avec pour seule angoisse de choisir le film. Je l'aime maman, voilà ce que j'ai répondu. Pour lui, je suis prêt à tout sacrifier. L'amour, ce n'est pas seulement accepter les moments heureux, c'est aussi s’accommoder des malheureux. Je peux pas dire que cette situation me convient, ce serait mentir. J'ai besoin de te savoir près de moi, j'ai besoin de te toucher, d'être là pour toi. J'ai besoin de t'embrasser quand j'en ai envie, pas seulement grâce aux heures de visite. Bref, j'ai besoin de toi. Je sais que j'ai pas le droit de me plaindre. C'est toi qui doit supporter la compagnie de gens malades. C'est toi qui est considéré comme une menace pour les autres. Toi encore qui souffre de ne plus faire ce que tu aimes. Je suis peut-être égoïste, mais être loin de toi c'est comme être enfermé dans une chambre cadenassée à double tour. Je suis emprisonné dans ma propre tête. Tu penses que ça fait de moi un fou ? Parfois, je pense que je le suis. Sans doute parce que j'ai l'habitude d'en croiser depuis plus d'un an. Déjà un an et demi. Le temps passe tellement vite, j'ai l'impression que ma vie défile sans s'arrêter. Je suis amoureux de toi depuis trois ans. Trois ans de rires et de pleurs, de galères et de projets. Malgré les obstacles, tu es toujours là. Remarque, c'est pas comme si tu pouvais t'enfuir très loin. Mais parfois, j'ai l'impression que tu m'échappes, que tu es ailleurs. C'est con de ma part, j'en suis désolé. Tu as du mal à manifester tes émotions, tes sentiments et compagnie, je l'accepte. Mais j'ai besoin de savoir ce que tu ressens pour moi, histoire de me rassurer. Quand tu es seul et que je suis plus là, je peux rien faire, je suis impuissant. Et si tu rencontrais quelqu'un d'autre qui pourrait te rassurer quand moi je suis loin ? Et si la proximité avec les autres internés devenait trop forte au point que tu m'oublies ? Je me pose énormément de questions parce que je me sens nul. J'ai même pas été capable de te protéger. Tout ce que je peux faire maintenant c'est te dire que je t'aime et que quoiqu'il arrive, je suis là pour toi. Mais vraiment. Compte sur moi.

Dean.



Darren,

mon dieu, si tu voyais où Ashton est interné... c'est affreux. Mon copain est totalement sain d'esprit et il partage son environnement avec des fous. Sérieusement, certains sont vraiment flippants. Je pensais que c'était un centre avec des zones définies, avec le coin des psychopathes, des moins fous, des gens normaux et compagnie et que dalle. L'homme que j'aime est piégé avec des assassins notoires, des gens qui entendent des voix dans leurs têtes et j'en passe. Ashton n'a rien à faire là dedans. Dis moi frérot, tu peux pas faire quelque chose ? Tu es avocat, y'a bien une loi qui existe pour protéger Ash, non ? Je supporte pas de le voir entouré de ces gens-là. Je sais même pas combien de temps il va rester à l’hôpital. Et surtout, je comprends pas pourquoi les médecins le gardent. Il n'a rien d'un fou, je le connais. J'ai beau leur demander ce qui cloche avec lui, personne n'a d'explications.



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